La déclaration doctrinale que mgr Fellay a envoyée au cardinal Levada le 15 avril 2012 et tenue secrète jusqu’à ce jour, comporte un article 7 qui doit retenir l’attention des fidèles :

« 7 - Nous déclarons reconnaître la validité du sacrifice de la Messe et des Sacrements célébrés avec l’intention de faire ce que fait l’Église selon les rites indiqués dans les éditions typiques du Missel romain et des Rituels des Sacrements légitimement promulgués par les papes Paul VI et Jean-Paul II. »


I.- Cet article 7 constitue un reniement scandaleux des conclusions de l’étude théologique Bref examen critique de la Nouvelle Messe (présenté à Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci).

En effet, cette étude traite bien du nouveau rite en lui-même, indépendamment du défaut d’intention du célébrant. Les théologiens auteurs du Bref Examen Critique, qui, à la suite de saint Thomas d’Aquin, du Concile de Trente et de Léon XIII, ont étudié un éventuel vice de forme intrinsèque du nouvel Ordo Missæ ont donc procédé avec la méthode requise. L’étude du vice de forme est première par rapport à l’étude du défaut d’intention, comme le précise Léon XIII dans l’encyclique Apostolicæ Curæ sur l’invalidité des ordinations anglicanes.


II.- De cette étude du Bref examen Critique, on pouvait tirer deux conclusions coexistantes sur la “nouvelle messe”, l’une portant sur la bonté éventuelle de ce rite, l’autre sur la validité éventuelle de ce même rite.

Il existe en effet trois conditions impératives pour qu’on puisse assister à un office : que la messe soit valide, qu’elle soit bonne et que le prêtre veuille faire ce que veut l’Église de toujours. Une seule des conditions ci-dessus non remplie et voilà qui empêche d’assister en conscience à l’office en question.

 

  • La messe doit être valide (c'est le problème de la validité du sacrement)

La messe est un sacrement et non pas une prière. Tant qu’on n’a pas compris cette différence essentielle, on ne perçoit de la crise dans l’Église que ses douloureuses conséquences mais en aucun cas les causes. Le sacrement est une chose sensible qui signifie et produit la grâce. Pour qu’un sacrement soit valide, c’est à dire pour que la grâce soit produite, il faut que la chose sensible signifie réellement, concrètement, publiquement ce qu’elle doit signifier : l’eau du baptême doit être vraiment de l’eau et elle doit couler. À ce prix - nous dit le catéchisme du Concile de Trente - nos sacrements “sont très clairs et ne laissent place à l’incertitude.”1

Dans le cas de la messe, il doit être signifié qu’il s’agit d’un vrai sacrifice, le sacrifice de la croix.2

 

  • La messe doit être bonne (c'est le problème de la bonté de la Messe3)

Dans le bref examen critique du nouvel ordo de Paul VI, les deux cardinaux qui ont présenté au Pape ce document écrivent : Le novus ordo missae “s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte Messe.” Ainsi, en supposant que la messe de Paul VI soir réellement une messe, ce dont il convient de douter, cette messe favorise l’hérésie. Par destination, elle n’est pas bonne et par suite on ne peut y participer.4


III.- Le fondateur de la FSSPX en avait conclu sur ce dernier point que le nouvel ordo « conduisait à l’hérésie », ce qui était également la position de mgr Castro Mayer5. Mgr Lefebvre écrivait également : La nouvelle messe est « mauvaise en elle-même »6.

Sur le premier point il avait démontré l’existence d’un doute fondé sur la validité du rite. Parlant de la nouvelle messe aux fidèles il disait : « la messe à laquelle vous venez d’assister était-elle valide ? »7. D’autres théologiens comme le p M-L Guérard et l’abbé Coache étaient arrivés de leur côté à la conclusion de l’invalidité.

Mais il existe une autre difficulté que l’article 7 de la Déclaration se garde bien d’évoquer : le rite de Paul VI est évolutif.

Jean Madiran rappelait dans son éditorial du journal Présent du 22 mai 2008 : « Il ne s’agit plus là des changements éventuels de la messe de Paul VI, dans ses officielles éditions typiques. Il s’agit des “messes issues de la messe de Paul VI”, dont celle-ci est responsable, puisqu’elles sont issues de celle-là grâce au caractère évolutif qui a été le sien dès l’origine, mais qu’il est beaucoup plus difficile de corriger […] ». Cette praxis liturgique évolutive avait été bien décrite en son temps dans la brochure de Missus Romanus, La révolution permanente dans la liturgie, éd du Cèdre 1975.

Par suite il n’existe plus de certitude concernant l’intention du célébrant (intention qui ne peut être connue par la fidèle que par le respect d’un rite valide et stable).

Il est facile de constater maintenant que l’article 7 de la Déclaration de mgr Fellay falsifie complètement la pensée du fondateur de la FSSPX sur la “nouvelle messe”.


1 Chapitre 14 §V Matière et forme des sacrements. 2 Un vrai sacrifice, c’est-à-dire le sacrifice propitiatoire. C’est ce qui nous oppose irréductiblement aux protestants. Le canon 3° de la session XXII° du concile de Trente précise que celui qui dit que le sacrifice de la messe n’est qu’un sacrifice de louange, d’action de grâce ou une simple commémoration et non pas un sacrifice propitiatoire doit être anathème. 3 Rappelons que la Messe est une action. Comme toute action elle peut être bonne ou mauvaise. 4 Ceux qui s’étonne qu’une vraie messe puisse également favoriser l’hérésie, autrement dit qu’elle ne soit pas “bonne”, doivent se souvenir que l’Église interdit pour ce motif, par exemple, la participation des fidèles aux messes valides des orthodoxes (schismatiques) et a fortiori aux messes “noires” qui sont des messes valides. 5 Mgr Tissier, Marcel Lefebvre - une vie, pp 489 et 441. 6 Mgr Tissier, Marcel Lefebvre - une vie, p 491. 7 Mgr Lefebvre, Lettre ouverte aux catholiques perplexes, IV. Le Saint Sacrifice de la messe.


Bernard de Midelt Pour Stageiritès